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Neiges du Brésil
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8 août 2013

Les fantômes d'Appellhofplatz...témoignage (copie d'une lettre à l'INREES - Stéphane ALLIX)

cologne-war(2)

 
Le témoignage ci-dessous, je l’avais déjà fait pour certains sites consacré à ce qu’on appelle le paranormal. Toutefois, je me suis pas mal autocensuré à l’époque. Et ne sachant pas faire le tri entre les sites sérieux, et les sites, disons…moins sérieux, j’ai envoyé ce témoignage à des sites qui sans doute, n’en valaient pas la peine. Je n’ai entendu parler de l’INREES que récemment. Je trouve la démarche de Stéphane Allix à la fois courageuse, et sérieuse, et la revue l’INREES est passionnante. En outre, elle donne le sentiment de ne pas prendre les gens pour des cons. Le prix est vraiment raisonnable pour la qualité du travail, des articles, des entretiens. C’est un soulagement de voir qu’il existe une revue sérieuse sur des sujets tellement…dérangeants, étranges. Des expériences bizarres. Quand on sent que le moment est venu de se confier, il reste l’angoisse de se confier aux mauvaises personnes, à des charlatans, des personnes en quête de fantasmes. La réalité d’une expérience ‘paranormale’ n’a rien d’excitante, pour moi, n’a rien de génial, de formidable. J’essaye de la comprendre, de l’intégrer mais étant agnostique (pas forcément cartésien, loin de là mais proche toutefois de ceux et celles qui se fondent sur la réalité d’une chose pour en déduire son existence), je fais barrage de tout mon mental et j’examine le maximum de possibilités avant de me dire : et si c’était…autre chose ? Mon expérience ci-dessous, je la réactualise. Sans l’embellir, ni l’enjoliver. Il n’y a rien de beau, de joli, à dire là-dessus.
Je ne donnerais pas le nom de la rue, ni le numéro, encore moins l’étage. Je ne veux pas d’ennui avec les propriétaires. Le citoyen allemand peut être redoutablement procédurier. Mais tout de même, afin de donner une idée, même vague, de la géographie... je dirais que cette rue se situe dans le quartier d’Appellhofplatz, à proximité de la Gare centrale de Cologne et de la fameuse cathédrale.  J’ai débarqué dans ce nouvel appartement début juillet 2007. J’y ai vécu par intermittence (il faut bien le dire) pendant 4 ans. L’appartement de mon conjoint était solaire. Spacieux. Côté jardin, baie vitrée et terrasse. Côté rue, 2 fenêtres grandes ouvertes chaque été pour contrer la moiteur ambiante si caractéristique de la région Rhénanie-Westphalie. A vrai dire, je n’ai rien remarqué pendant des mois. Enfin…si…une fois, une idée sinistre m’a effleuré, idée fugace, par un samedi après-midi du mois de septembre, que nous n’étions pas seuls dans l’appartement, I. et moi. Le genre d’idée qu’on s’acharne à effacer vite fait, bien fait de sa mémoire. Tant qu’I. était là, je ne me rendais compte de rien. Je parle du début, évidemment. Et puis je ne fais pas toujours assez attention aux choses, aux êtres, aux gens. Pas comme il faudrait. Enfin, je n’étais pas là tout le temps.
C’est en mars 2008 qu’un changement fut perceptible. I. dût souvent s’absenter, je me retrouvai seul. Et très vite, sans pouvoir l’expliquer, seul ET terrorisé. Il est très désagréable de se laisser envahir par une peur aussi primale, peur ‘infantile’ qui faisait qu’il m’était impossible de dormir seul dans cet appartement, soudainement trop grand. Chaque nuit était une épreuve. Au début, j’ai essayé de me voiler la face. De me dire : Jann, tu es artiste, tu as beaucoup d’imagination, tu délires…Je mettais des cds de musique classique ou contemporaine dans mon lecteur dvd portable que je faisais ‘tourner’ jusqu’à 5 heures du matin. Puis j’ai fini par prendre l’habitude d’aller dormir chez des ami (e) s quand I. n’était pas là. Il n’y avait pas que la nuit que je sentais une présence. Mais c’était la nuit que c’était franchement le plus stressant.
Je me souviens : quand j’étais assis dans le salon, sur le canapé, face à la télé. Je ne pouvais pas m’empêcher de tourner la tête, pour regarder derrière moi, ayant le net sentiment que quelque chose m’observait. Rien, évidemment. Lorsque je me rendais dans une pièce, cette même ‘chose’ me suivait. J’en veux beaucoup à cette présence. Elle a généré beaucoup de tension, je crois, dans la vie de couple, la vie sociale, la perception que j’avais de moi-même, avec en arrière-fond la crainte de basculer dans la folie. Elle est la cause de nuits blanches. J’ai pensé contacter l’institut du paranormal à Paris, de bonne réputation, je n’ai pas osé, incapable d’y aller, un blocage…j’ai appris d’ailleurs plus tard qu’il existait l’équivalent en Allemagne (mais alors, j’étais revenu en France). Que signifiait cette présence ? Etait-ce un fantôme ? Cologne a une histoire douloureuse, ville à 90% détruite pendant la seconde guerre mondiale. Peut-être restait-il des morts sous les fondations de notre immeuble ? Je n’ai pas osé non plus évoquer cette histoire de présence avec le peu de voisins rencontrés dans l’ascenseur. Peur du ridicule. Je sais bien que le ridicule ne tue pas mais quand même !
Il m’est arrivé, mais je ne crois pas être le seul, de ne pas aimer certains lieux que je visitais, sentant avec dégoût la mort suinter des murs : mort, tristesse, rancœur. Ce n’est pas être médium pour autant. Enfin je crois. Disons qu’une certaine éducation gabonaise m’a obligé à développer une forme d’instinct, de sensibilité à l’atmosphère. Cette sensibilité, je l’avais, mais pendant longtemps, elle était peu développée. J’ai essayé de réfléchir sur cette présence. C’est que nous n’habitions pas loin de l’ancien qg de la Gestapo à Cologne. Mais sur google (recherche en allemand), rien sur d’éventuels présences dans le coin. Et entre nous, qui aurait été assez fou pour en parler publiquement ? Les Allemands ne sont pas moins cartésiens que les Français…
Je suis agnostique. Tendance athée. J’ai longtemps pris pour acquis qu’il n’y a que le néant après la mort. Ce n’est pas une idée qui m’enchante. L’idée du néant éternel est insupportable et m’a incité à créer, créer, créer pour me sentir vivant et admettre cette possibilité du néant, l’affronter. Peine perdue ? Curieusement la présence qui générait la tension et faisait disparaître des petits objets n’a eu aucune influence sur mes créations. De même les amateurs de sensations fortes ne peuvent être que déçus en lisant mon témoignage. Il n’y a rien d’extraordinaire d’un point de vue visuel. Je parle d’une présence impalpable. I. n’a rien ressenti, rien senti, rien vu, rien entendu. Il m’a cru, même si je pense, et je comprends entièrement qu’il puisse encore être un peu dubitatif. Il n’y avait pas de verres volant dans les airs, des rires bizarres et des lampes qui s’allument toutes seules. Je ne suis pas allé voir Paranormal activity au cinéma (ni sur dvd) : c’est du grand guignol, cela ne correspond pas à ce que j’ai vécu. Je fuis comme la peste ceux et celles qui prétendent avoir vu des choses (ils sont nombreux) et lorsqu’on veut voir aussi ces choses, disent comme par hasard que ce n’est pas possible.  Mon témoignage est là pour apporter un son de cloche différent sur quelque chose d’incompréhensible. J’ai constaté la disparition de petits objets. J’ai préféré mettre ça sur ma désinvolture habituelle. Enfin, une nuit, le crochet auquel était suspendue la serviette dans la salle de bain, a fait un bond violent qui m’a sorti de ma torpeur. Il était 4 heures du matin. J’essayais de rester éveillé jusqu’à l’aube en regardant des films. Lorsque je suis allé dans la salle de bain, le crochet était dans la baignoire. Comme si une main l’avait jeté de façon violente. Il n’y avait pas de raison pour que le crochet  aille aussi loin, mais les lois de la physique…je n’y connais pas grand-chose. Pour le coup, je n’ai réussi à trouver la sommeil que vers 7 heures du matin. Je me tournais les méninges en long en large. Nous avions une vaste salle de bain. Le crochet était suspendu au mur, la baignoire, à l’autre bout, plus d’un mètre. Perturbant.
Si une amie de passage, athée, ne m’avait pas dit elle aussi (alors que je n’avais rien demandé) avoir ressenti quelque chose de bizarre, j’aurais conclu : je suis fou. Cette présence était-elle hostile ? Difficile de savoir, je pense qu’elle n’était pas spécialement sympathique puisque je ne me sentais pas à l’aise. Pour me rassurer, je pensais (sans conviction) aux mots de ma mère : ce sont des vivants qu’il faut avoir peur, pas des morts. Mais j’ai enfin pris le plaisir de réussir à dormir SEUL (quand I. est absent) dans notre nouvelle appartement, sur Paris, depuis juillet dernier. C’est ce qui est très curieux d’ailleurs, comme quoi ça m’a marqué : la première nuit dans le nouvel appartement parisien (Paris, une ville que j’aime moyennement au demeurant), voilà un endroit où je vais bien dormir, sous-entendu : pas de présences. En fait, j’ai entendu quelques pas, des fois, venant vraiment de l’appartement, ni du dessus, ni d’à côté, je me dis soit c’est le fruit de mon imagination ou soit, si c’est vraiment le cas, s’il y a des esprits, bah, ceux-ci ne semblent pas vraiment problématiques. Cologne me manque. Oui. Mais pas l’appartement ! Même vidé par les déménageurs, le dernier jour, il renfermait toujours cette saloprix de présence…le dernier jour dans le lieu vide a été l’un des plus éprouvants, non seulement parce que je prenais acte d’un changement  dans ma vie, mais également parce que je ressentais très fortement une présence, dans le salon, qui semblait dire : tu te casses, bon débarras. Est-ce l’inconscient qui se parle à lui-même. Ou y’a-t-il autre chose. Je n’en sais rien. Je n’attends plus grand-chose de qui que ce soit pour qu’on m’explique. Toutefois, je suis rassuré de voir que je ne suis pas le seul à avoir vécu quelque chose d’aussi bizarre. Qui n’a rien de spectaculaire au demeurant. Il est question de ressenti. Le ressenti n’a rien de spectaculaire finalement. Il n’intéresse donc pas les gens en quête de sensations fortes. Mais le ressenti n’exclut pas la peur, la terreur, la tristesse.  
Jann Halexander, chanteur, réalisateur

Jann Halexander est né le 13 septembre 1982 à Libreville, au Gabon. Cet artiste franco-gabonais  évolue à la fois dans le monde de la Chanson Française et le cinéma, où il mélange expérimental, amateurisme (au sens noble du terme) et évidemment musique. Il aborde, souvent avec provocation, les thèmes du métissage, de la famille, de l'amour. Quelques chansons-clés : A Table, Déclaration d'amour à un Vampire, Les gens de couleur n'ont rien d'extraordinaire.

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