Rencontre avec Jann Halexander (entretien paru dans Le Petit Format, mai-juin 2012)
Rencontre avec Jann Halexander
(entretien paru dans Le Petit Format, mai-juin 2012)
« Tristes Tropiques », ton nouveau CD vient de
sortir. Ce titre rappelle un ouvrage connu. Tu
peux préciser ?
Oui l’ouvrage de Claude Levi-Strauss. Il décrivait
très bien, je trouve, le sentiment d’ennui et la
grisaille tropicale. Je n’aime pas les idées reçues
sur les « tropiques », j’ai vécu au Gabon 16 ans.
Sous les tropiques, l’ennui existe, la mélancolie, la
mesquinerie aussi, il n’y a pas toujours des gens
heureux (et miséreux) au soleil. Le titre du disque
est un clin d’oeil à cet ouvrage.
Jann, la chanson c’est venu comment ? Quel
est ton parcours ?
J’ai choisi la chanson parce que je ne voulais pas
continuer un DEA. En fait je voulais travailler dans
les pompes funèbres. Mais à l’époque, 2004, ma
grand-mère, apprenant ce souhait, m’a clairement
fait comprendre que si je travaillais dans ce
domaine, alors je ne la reverrais plus. Sur un coup
de tête, j’ai choisi la chanson. Comme j’aimais
écrire et composer des musiques, c’était très bien.
J’avais des choses à dire.
Métissage, famille, sexualité sont des thèmes
qui te préoccupent…
Je m’adresse à tout le monde, en parlant aussi de
moi. Et c’est vrai que le métissage, on le chante
mais c’est devenu un mot galvaudé. Quand j’ai
commencé, il n’y avait pas forcément de chanson
qui aide à mieux comprendre ce que c’est d’être
métis. C’est pourquoi j’ai écris Alien Mother, en
2004, par exemple, où je parlais de la relation entre
une femme blanche et son fils métis. La famille est
un sujet inépuisable et alors la sexualité, n’en
parlons pas… mais je chante sur tout, à la vérité.
Avec ferveur mais aussi humour.
Alors, qu’est-ce qui te pousse à monter sur les
planches ?
La peur de ne pas passer à côté de ma vie. Je
viens d’une famille où les hommes meurent souvent
tôt… pourquoi, je ne sais pas, mais ça fait réfléchir.
Et puis maintenant que le public répond de plus en
plus présent, la scène est devenue une drogue. Et
surtout, je ne vois vraiment pas actuellement ce
que je peux faire d’autre.
Qui sont tes références en matière de chanson ?
Anne Sylvestre. Incontestablement. J’ai même des
posters d’elle dans mon appart ! Ses chansons
pour adultes sont sublimes, notamment les
musiques. J’aime aussi Jacques Brel, William
Sheller, Mylene Farmer.
Propos recueillis par Didier Desmas